Conduire à Lohéac, école de pilotage Gérard Poussin.

Conduire à Lohéac, école de pilotage Gérard Poussin.

14 août 2011 0 Par Steve Jolibois

 

 

Depuis 1987, Gérard Poussin et son école de pilotage « Conduire à Lohéac », sont un passage inévitable pour qui veut se perfectionner en rallye. Pour TestandDriving, il nous ouvre ses portes. Immersion !

Texte et photos: Steve Jolibois

6h30 mon réveil sonne et pour une fois je ne traîne pas au lit ! Pourquoi cette motivation ? J’ai rendez-vous à 14h00 en Bretagne ! Plus exactement à Lohéac, chez Gérard Poussin, pour un stage de pilotage. Une journée motivante.

Après 3h25 de route et 375 kilomètres à surveiller le moindre radar (ce qui est le plus fatiguant) je quitte la D177 et arrive à destination. Lohéac est un charmant petit village breton de 700 habitants situé à 30 kilomètres de Rennes. Ses maisons en pierre et son église atypique offrent une atmosphère de détente et de bien-être. Si au premier abord il ne laisse paraître aucune filiation avec l’automobile, une réalisation florale représentant un vieux tacot met la puce à l’oreille.

L'église de Lohéac.

L’église de Lohéac.

En m’engageant dans la rue de la poste, je croise plusieurs restaurants, quelques vitrines d’artisans ainsi qu’un petit bar tabac dont l’accueil est très agréable. Poursuivant mon chemin, j’arrive à un stop et reste en pleine interrogation sur les activités automobiles du village ! Priant Saint Christophe pour qu’un miracle s’accomplisse, deux panneaux m’indiquent la direction du manoir de l’automobile et de la piste de rallye cross ! Le seigneur m’a écouté…

Entrée et grille de départ.

Entrée et grille de départ.

Je remonte la rue de la “cour neuve” et quelques centaines de mètres plus loin, le grand parking  de la piste du rallye cross m’ouvre les portes du paradis. L’immense grille de départ de la piste me transporte immédiatement dans la compétition et m’offre l’image d’une  course avec des autos de 600 chevaux s’arrachant du bitume dans un sifflement typique.

Suivez le panneau.

Si l’accès au manoir de l’automobile abritant la collection personnelle de Michel Hommel  est facilement visible, l’entrée de l’école de pilotage Gérard Poussin se fait plutôt discrète. Une fois la porte poussée, l’accueil souriant de la secrétaire est fort agréable. So, pour les intimes, m’invite à rejoindre les sous-sols du bâtiment afin de partager un rafraîchissement avant de rencontrer le maître des lieux, Gérard Poussin. A la descente de l’escalier, l’immersion commence à prendre tout son sens. Vidéos de rallye en toile de fond côtoient trophées et photos souvenirs sur les étagères. Bienvenue dans le monde du rallye ! Après quelques échanges avec mon moniteur et Gérard Poussin, nous prenons la direction de la piste terre où une petite Citroën C3 m’attend.

Savez-vous freiner ?

Ma première demie-journée consiste en une initiation au freinage en ligne et au freinage suivi d’évitements sur différents revêtements, avec et sans ABS. La première question du moniteur me surprend : « Savez-vous freiner ? » Souriant, je réponds : « Oui, je sais freiner ! ». Il me demande donc de prendre position sur la ligne de départ, de me lancer et de planter les freins lorsqu’il abaissera son drapeau. Fier de mes 20 ans de permis, je vous laisse imaginer quelle a été ma joie de pouvoir réussir l’exercice lorsque le moniteur me donne le top dans le long couloir de cônes qui matérialise la zone de freinage. Après une longue série, le drapeau s’abaisse de plus en plus tard et nous finissons avec les évitements. Réussite totale, 20 sur 20 pour le pilote du jour que je suis. J’en suis très fier !

Après une petite pause pour échanger avec le moniteur, nous repartons pour une série de freinage. Les mêmes exercices, à la différence près que l’ABS est désactivé. Je m’élance dans la ligne droite, entre dans le couloir de cônes et au moment où le drapeau s’abaisse, mes 20 ans de permis partent en fumée tout comme les pneus qui viennent de finir leurs vies en traces noires sur le bitume ! Après dissipation de la fumée, j’aperçois mon moniteur pour le débriefing. Verdict, j’ai loupé l’exercice et il me confie qu’il m’a fait freiner tôt ! L’après-midi va être longue….

Et un cône, un!

Aie!

Aie !

Reprise de l’exercice et les zones de freinage se réduisent. Les explications du moniteur me seront d’une aide précieuse avant de passer au freinage sans ABS sur sol humide. Evidemment les sanctions sont les mêmes avec des échecs !

Les premiers freinages avec évitements finissent en sous virages et après tout ces exercices, nous passons à la pratique du frein à main. Fin de journée : maintenant je peux dire que je sais freiner !

 

Un langage, bizarre !

Après une nuit de repos dans la chambre d’hôte « le Colibri », dont le standing me donne l’illusion d’avoir gagné au loto, j’ai rendez-vous à 9h00 au bar de l’école de pilotage pour un café. Après avoir mis en avant mes échecs de la veille, nous rejoignons à nouveau la piste terre où cette fois une Peugeot 206 S16 est à ma disposition. Le moniteur me demande de rejoindre le troisième virage du circuit. En ouvrant la portière je suis surpris de voir qu’elle est équipée d’un arceau et de sièges baquets. Ambiance compétition assurée ! Si je me remémore très bien les exercices de la veille, je ne me souviens pas avoir pris un alcool fort avec mon café ce matin ? En effet, je ne comprends pas le langage du moniteur lors de son briefing ! Quelle serait votre réaction si je vous disais, « le volant c’est le frein et le frein la direction » ?  En clair, cela veut dire que l’exercice du jour consiste à faire des dérives et appels contre appels sans le frein à main et avec les roues droites !? Une démonstration du moniteur me fera vite penser à la célèbre phrase, « ils sont fous ces bretons ! ».

Biefing avec le moniteur.

Biefing avec le moniteur.

Le moniteur m’invite à prendre place dans le baquet conducteur. Une fois convenablement sanglé avec les harnais, j’attends que le moniteur s’installe à mes côtés. Terrible erreur puisqu’il ne viendra jamais ! En effet, Il observe les exercices depuis l’extérieur. Écoutant ses consignes, je me lance pour un essai qui sera peu concluant ! Avant un nouveau départ, il corrige et interprète exactement mes erreurs par une gestuelle très particulière !

Les deux mains à l’horizontal tenant un volant : Mets les roues droites

Les deux mains à la verticale tenant un volant : Trop d’angle au volant

Une caresse de la paume de main : Lèches les freins

Une tape sur la paume de main : Trop de freins

L’index et le majeur devant les yeux : Travail ton regard

L’index sous la gorge : tu es pendu, trop de retard au volant

Bref, même un sourd pourrait participer à ces cours ! Si j’évoque ces anecdotes avec beaucoup d’humour, cela ne retire rien au professionnalisme de mon moniteur qui se reconnaîtra dans cette description.

Après plusieurs passages, nous passons à l’appel contre appel et je suis stupéfait de voir qu’il est possible de freiner une voiture avec le volant et de la faire tourner avec les pieds ! La pause déjeuner s’offre à nous et nous rejoignons le restaurant « la manivelle » pour un repas en toute décontraction avec mon moniteur et le sourire d’Arlette, la maîtresse de maison.

Le restaurant la Manivelle.

Après ce bon repas, nous sommes de retour sur la piste. Ma 206 S16 s’est transformée en BMW 325i E36 pour travailler les mêmes exercices avec une propulsion. Nous finirons la journée par un roulage en continue avec une mise en application des cours précédents dans un rythme que seule ma condition physique fixera. Les différents moyens permettant de faire pivoter une voiture m’offrirons de belles douleurs musculaires prouvant mon manque d’activité physique. Cela m’éclaire sur la difficulté de rouler vite en rallye et prouve la grande maîtrise des pilotes dans ce domaine alors que j’ai déjà beaucoup de mal à passer le troisième virage ! Fin de journée.

Dérive en propulsion.

Dérive en propulsion.

Une fois de retour dans ma chambre, je me jette sous la douche afin de me détendre musculairement et je rejoins le restaurant « la Gibecière » qui est à deux pas. Ma fourchette est lourde tant j’ai mal aux bras, mais les odeurs et la beauté des plats cuisinés par le Chef me donne à nouveau de l’énergie ! Une adresse à découvrir d’urgence !

Un excellent restaurant avec un patron plein d'humour.

3e jour, j’ai rendez-vous sur le circuit bitume qui se situe derrière le manoir de l’automobile. Passager dans la Citroën C5 Toureur du moniteur, je découvre la piste à faible allure, hors des trajectoires et prend conscience de sa technicité ! De retour au stand, je m’installe au volant d’une Peugeot 307 RC de 180 chevaux et m’élance sur la piste. Plusieurs tours seront nécessaires pour trouver mes repères. Je dévore les 2500 mètres de piste avec beaucoup de plaisirs et je suis agréablement surpris par le potentiel de la voiture. Précise, elle se place où je veux et les freins ne faiblissent pas. Au bout de 40 minutes le drapeau à damier s’abaisse et j’entame un tour de refroidissement.  De retour au stand, j’effectue le debriefing avec le moniteur qui tout au long de ma session s’est positionné à différents endroits du circuit afin d’observer mon évolution. Mes trajectoires sont bonnes mais parfois je manque un peu de placement et j’ai tendance à être trop sur le train avant. Je repars pour une série de tours mais cette fois des cônes m’indiquant le point de corde de chaque virage. Evidement les trajectoires sont bien meilleures et je sature moins le train avant. Après plusieurs séries de tours et quelques gouttes de sueur sous le casque, j’aperçois à la sortie de la courbe des stands la C5 Toureur qui s’engage sur la piste feux allumés ! Avec mon élan, je la distance aussitôt et j’entame le grand droit qui précède la longue ligne droite, accélération, 140, 150 km/h, freinage au bout, rétrograde avant d’inscrire la voiture dans le pif paf pour un double droit. Petit coup d’œil dans le rétro central en sortie de virage avant de me rendre compte que la C5 Toureur de 138 chevaux est revenue à 20 mètres de mon pare-chocs ! Je continue et me positionne pour le demi-tour gauche, plante les freins, et la C5 me pique au freinage ! Ok, là, il y a un souci ! De retour au stand, un nouveau debriefing me permettra de mieux comprendre le pourquoi du comment. Le but principal de cette initiation n’est pas de battre le moniteur mais simplement de me mettre sous pression et de voir si je perds mes moyens. Durant l’après-midi nous repartons pour la piste avec une Peugeot 407 V6 coupé.

Le pif paf.

Le pif paf.

Fin de journée et fin de stage pour moi. Je rejoins l’école de pilotage pour un rafraîchissement et la remise de mon diplôme. D’une poignée de main chaleureuse, je salue Gérard Poussin et le remercie pour son accueil et le professionnalisme de son équipe en promettant que je reviendrai. Rejoignant la capitale par la D177, je me remémore ces derniers jours en prenant conscience à quel point notre conduite de tous les jours est d’une grande banalité et incite à encore plus de prudence car la route peut nous surprendre à tout moment.

Merci Gérard…..

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