Bugatti Chiron : La démesure !

Bugatti Chiron : La démesure !

6 juin 2017 0 Par Steve Jolibois

On pensait que l’automobile avait atteint son paroxysme avec la Bugatti Veyron et ses 1001 ch, c’était se tromper. En proposant une version Super Sport, Bugatti a fait grimper le curseur de puissance à 1200 ch sur une voiture de série. Avec elle, les records sont tombés : 431 km/h en vitesse maxi, le 0 à 100 en 2,7 S et un prix de vente de 2030 000 €. Pourtant, et comme si cela ne suffisait pas, Bugatti a créé sa remplaçante, la Chiron. Cette voiture va encore plus loin dans l’extrême en proposant un moteur de 1500 ch, une vitesse maxi théorique de 475 km/h et un prix de vente de 2880 000 €.

Texte : Steve Jolibois / Photos : Bugatti presse.

C’est clair, la Chiron est née pour assommer la concurrence et relever des défis techniques. Auriez-vous imaginé qu’un jour une voiture de série développe 1500 ch ? Ce chiffre impressionnant dépasse de 100 cv la puissance fournit par une Formule 1 des années 80 (BMW Turbo) configurée pour les qualifications. S’il est vrai que la Chiron doit composer avec un poids de 1920 kg contre 580 pour la F1, je me permets de vous rappeler que nous parlons d’une voiture de route. Calculatrice en main cela donne un rapport poids puissance de 1,33 kg/ch. Ne cherchez pas, seulement 7 voitures de séries font mieux aujourd’hui.

Absorber une telle puissance n’est pas une chose facile. Les ingénieurs de Bugatti ont mis au point une cellule en fibre de carbone dont la rigidité torsionnelle de 50 000 Nm par degré est équivalente à un proto qui court en endurance. Dorénavant, le compartiment moteur est en carbone et rapporté sur la cellule par des boulons en titane. Si cela semble irréaliste, c’est le minimum syndical quand on sait que le moteur W16 de 7993 cm3, gavés par quatre turbocompresseurs, délivre un couple de 1600 Nm (163,15 mkg) disponible entre 2000 et 6000 tr/mn. Afin d’obtenir une courbe constante de couple, ses turbos fonctionnent par bancs de deux. Si les deux premiers tournent en permanence, les seconds sont activés si le conducteur demande de la puissance. En matière de couple seule la Koenigsegg Regera, qui combine deux moteurs (thermique et électrique), fait mieux en disposant de 2170 Nm au régime supérieur de 4100 tr/mn.

Au-delà des chiffres c’est la technique du moteur qui laisse pantois. En effet, ce bloc en W est constitué de quatre bancs de quatre cylindres dont les écarts varient en fonction de leur position : 90 degrés pour les cylindres du haut et 105 degrés pour ceux du bas. Afin d’alimenter les 16 pistons qui tournent au régime maxi de 7000 tr/mn, l’injection est de type multipoints avec une pompe à essence capable d’aspirer pas moins de 880 litres d’essence à l’heure à pleine charge. Avec un réservoir de 100 litres, on imagine l’autonomie autorisé dans ces conditions d’utilisation…

Avoir de la puissance c’est bien, mais encore faut-il la maitriser. Pour contenir toute cette fougue mécanique, la Chiron adopte une transmission à quatre roues motrices équipée d’une boite de transfert Haldex. Son but est de renvoyer le couple moteur aux roues avant quand le train arrière est saturé. Afin d’obtenir une poussée linéaire, la puissance est distribuée par une boite automatique séquentielle à 7 rapports double embrayage. Au choix, le conducteur peut changer les vitesses via des palettes au volant ou avec le levier situé sur la console centrale.

Après réflexion le mot linéaire ne semble pas approprié pour définir le pouvoir d’accélération de la Chiron. Imaginez : Vous êtes à l’arrêt, écrasez la pédale d’accélérateur et 2,5 S plus tard vous franchissez la barre des 100 km/h. Comme la route est libre et que la maréchaussée est de repos, vous insistez. 4 secondes plus tard (6,5 S au total), le compteur survole déjà la barre des 200 km/h. Choqué, vous insistez et restez soudé encore 7,1 S avant que l’aiguille du compteur indiquer les 300 km/h. Oui vous avez bien compté, il ne faut que 13,6 S à la Chiron pour atteindre 300 km/h.

Pour mieux se rendre compte de performances de la Chiron un comparatif s’impose : 13,6 s c’est à peu près le temps que mets une McLaren 650 S, forte de 650 cv, pour atteindre les 250 km/h. Pour parvenir au chiffre magique des 300 km/h, elle réclame 10 secondes de plus, soit 23,7 S. A cette vitesse la Chiron n’a pas encore dit son dernier mot. Et oui, souvenons-nous que sa vitesse maxi théorique s’établie à 475 km/h. Inutile de dire qu’à ce jour personne n’est capable de vérifier cette théorie. En effet, à cette vitesse, même les très performants Michelin Pilot Sport Cup 2 de 285/35/20 à l’avant et 355/25/21 à l’arrière ne peuvent résister (pour le moment) à une telle contrainte. C’est pour cette raison que Bugatti a délibérément bridé la Chiron à 420 km/h. Pour ceux qui le désirent, cette limite peut être abaissée à 380 km/h via une clé située dans le seuil de porte.

A cette vitesse le paysage défile à la manière d’un verre d’eau jeté à travers la figure. Pour freiner les ardeurs de l’engin, le système de freinage est confié à quatre disques carbone/céramique dont les diamètres ont été majorés de 20 mm et l’épaisseur réduite de 40 mm par rapport Veyron : 420 mm avec étriers 8 pistons à l’avant et 400 mm à étriers à 6 pistons à l’arrière. Et comme les courbes arrivent vite aussi, la suspension est confiée à des amortisseurs pilotés qui proposent trois types de calibrage : EB (normal), Higway et Handling. Si le premier assure le confort pour un usage urbain, les deux autres raffermissent la suspension et abaissent la hauteur de caisse pour une stabilité maximale à grande vitesse.

Avec une telle fiche technique peut-on considérer que la Chiron est la voiture la plus rapide du monde ? Sur le papier non ! En effet, si une Koenigsegg One est plus performante (1400 kg pour 1360 ch), sa maitrise demande un certain savoir-faire et il faut accepter de se faire torturer les oreilles par le V8 très présent dans l’habitacle. La Chiron joue la carte du confort en téléportant son conducteur comme un train sur des rails. Avec elle, seule la notion espace/temps semble difficile à appréhender.

Confortable, la Chiron est aussi très accueillante. Son habitacle est sublime et le cuir s’étend partout. Comme une GT, elle dispose de la climatisation, d’une Radio/Navigation et de sièges électriques… Ici les détails ne manquent pas. Outre les boutons en aluminium situés sur la console centrale, il faut apprécier le volant à méplat, réalisé dans un bloc d’aluminium et le compteur gradué jusqu’à 500 km/h. Mieux encore, le grand C lumineux qui sépare l’habitacle en deux et reprend le dessin du profil, est inspiré de son ainée, la Bugatti Atlantic.

A force de parler de puissance et de performance on oublie presque de parler de l’esthétique. Devant un tel chef d’œuvre on pourrait dire beaucoup de choses, mais je préfère vous laissez juger. Pour ma part la Chiron doit être définie ainsi : Magnifique, racée et démesurée.

Fiche technique

Moteur et transmission

Énergie : essence
Moteur : 16 cylindres
Alésage : 86,0 x 86,0
Cylindrée : 7993 cm3
Alimentation : Injection + 4 Turbos
Soupapes : 64
Puissance fiscale/rendement : 6 CV/ 81 cv/l
Puissance maxi : 1500 ch DIN à 6 700 tr/mn
Couple maxi : 1600 Nm de 2000 à 6000 tr/min
Boîte de vitesse : Automatique à double embrayage 7 rapports
Transmission : 4 roues motrices

 

Poids, dimensions et capacités

Longueur : 454 cm
Largeur : 203 cm
Hauteur : 121 cm
Empattement : 271cm
Poids : 1920 Kg
Réservoir : 100 litres

 

Carrosserie

Carrosseries : Coupé 3 portes
Direction : Électrique variable
Suspensions : Amortisseurs pilotés
Freins : Disques carbone Céramique

AV : 420 étriers 8 pistons

AR : 400 étriers 6 pistons

Pneumatiques : Avant : 285/30/ 20

Arrière : 355/25/ 21

 

Performances

Vitesse maxi : Bridée à 420 km/h
0 à 100 km/h : 2,5 s
0 à 200/300 km/h : 6,5 s / 13,7 S
Rapport poids puissance : 1,33 Kg/ch
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